Fiches de travail sur les objets de la mallette résistance-déportation

Mon père est arrêté le 30 juin 1941, à la maison, pour faits de résistance. Comme il était responsable du Parti Communiste en Ille-et-Vilaine avant son interdiction, il était très surveillé. Deux inspecteurs de police passaient souvent devant la maison et surveillaient les gens qui venaient chez nous (ma mère tenait une petite épicerie et mon père était maçon). Moi, j'avais 2 ans et ma sœur avait 7 ans.

Après son arrestation, il passe une dizaine de jours à la prison Jacques Cartier, puis avec ses camarades (4 responsables communistes ont été arrêtés dans la même période), ils sont envoyés à Compiègne, au camp de Royallieu. Il passe un an dans ce camp avant d'être envoyé en déportation à Auschwitz, le 6 juillet 1942.

Ils étaient à Compiègne comme otages. Henri Bannetel dont il parle dans sa lettre sera fusillé le 15 décembre 1941 au Mont Valérien ; les 3 autres partiront en déportation. Un seul reviendra en 1945. Mon père et René Perrault sont morts 2 mois après leur arrivée, en septembre 1942.

Dans sa lettre, il explique qu'ils ont droit à 4 cartes et 3 lettres par mois. Ils ont aussi droit à des colis. Mais c'est très variable. Quand il y a des tentatives d'évasion du camp, le courrier et les colis sont restreints et parfois supprimés.

Dans leurs lettres, ils ne parlent pas de la guerre car les lettres sont lues et surveillées.

Ma mère envoyait ce qu'elle pouvait comme nourriture car ils n'avaient pas grand-chose à manger au camp. Quand ils recevaient des colis, les copains dans la chambrée mettaient tout en commun. Madame Bannetel (mère d'Henri Bannetel) est venue voir ma mère en lui disant : « Mon fils est avec votre mari à Compiègne. Vous, vous avez 2 enfants à élever. Nous, nous n'avons que ce fils-là et mon mari gagne bien sa vie. Si vous voulez, je vous apporterai des choses pour compléter vos colis. De toute façon, ils partagent tout. »

C'est ce qu'elle a fait, même après la mort de son fils, elle a continué à nous aider. La solidarité n'était pas un vain mot.